Signature du contrat de territoire EAU & CLIMAT 2026 - 2031

147 actions pour restaurer les rivières, sécuriser l’alimentation en eau potable et protéger la baie du Mont Saint-Michel
Mercredi 17 décembre 2025, la communauté d’agglomération Mont Saint-Michel - Normandie, le Syndicat départemental de l’eau de la Manche, le Syndicat de mutualisation d’eau potable du Granvillais et de l’Avranchin et l’agence de l’eau Seine-Normandie ont signé un contrat de territoire qui engage le sud Manche dans une action collective de six ans pour restaurer les rivières, sécuriser l’alimentation en eau potable, améliorer la qualité des eaux littorales et renforcer la résilience du territoire face au changement climatique. La signature s’est tenue en présence de M. le Sous-préfet d’Avranches, Pierre Chauleur.
Le contrat de territoire EAU & CLIMAT 2026 – 2031 mobilise un premier programme d’actions de 20,4 M€, déployé dès 2026 dans 83 communes de l’agglomération, et reposant sur 147 actions prioritaires, conçues et mises en œuvre en lien étroit avec les syndicats d’eau du territoire. Le contrat vise notamment la restauration d’environ 20 kilomètres de cours d’eau, la reconstitution de près de 63 kilomètres de linéaires bocagers, la réhabilitation de plus de 6 km de réseaux d’assainissement, la mise en conformité de 360 installations d’assainissement non collectif, la sécurisation de 11 aires d’alimentation de captages et la protection de quatre prises d’eau superficielles particulièrement sensibles. Ces objectifs traduisent concrètement les quatre grands enjeux du territoire.
RIVIERES FRAGILISEES : UN PLAN DE RECONQUETE ECOLOGIQUE DE 7,75 M€
Restaurer les cours d’eau, reconstituer le bocage et moderniser l’assainissement
L’érosion des sols, la réduction progressive du bocage et la présence d’anciens ouvrages perturbent durablement le fonctionnement naturel des rivières du sud Manche. Ces pressions accentuent le ruissellement, dégradent les habitats et fragilisent l’équilibre écologique des cours d’eau.
Pour y répondre, 7,75 M€ seront investis entre 2026 et 2028. Des travaux hydromorphologiques sont programmés sur l’Oir, la Douenne, la Sée amont, la Sée rousse, la Sélune amont, le Saint-Laurent, le Pont-Levesque, le Moulin de Pontorsier, ainsi que sur plusieurs affluents tels que la Bouanne, le Bieu, le Livet, le Bahan ou les ruisseaux de la Roche et de la Renaudaie. Ces interventions visent à redonner aux rivières des formes naturelles, améliorer la circulation piscicole, diversifier les habitats et les rendre plus résilients face au changement climatique, prolongeant la dynamique engagée après l’effacement des deux barrages de la Sélune.
Les programmes d’hydraulique douce et de recomposition bocagère seront intensifiés sur les côtiers granvillais méridionaux, le bassin du Lerre, l’Yvrande, le Vergon, les bassins de la Sée et de la Sélune dans leurs parties amont, médianes et aval, ainsi que sur les secteurs du Lair, du Beuvron, de la Guintre et de l’Oir. L’objectif est de réduire le ruissellement, stabiliser les sols et renforcer la capacité d’auto-épuration des milieux.
La modernisation de l’assainissement collectif constitue un autre levier important. Saint-Laurent-de-Cuves reconstruira sa station d’épuration, Mortain-Bocage engagera la mise en séparatif de son réseau, Barenton et Isigny-le-Buat réaliseront des diagnostics complets. À Sartilly-Bocage, la station sera reconstruite, tandis que l’ancienne station de Genêts fera l’objet d’une renaturation.
SECURISER L’ALIMENTATION EN EAU POTABLE : 1,68 M€ POUR PROTEGER LES CAPTAGES SENSIBLES
Agir sur les aires d’alimentation, renforcer le suivi et engager une stratégie foncière
Les ressources en eau potable sont exposées aux pollutions diffuses, ainsi qu’aux transferts rapides de polluants par ruissellement et à l’érosion des sols, accentués par la réduction du bocage. Plusieurs captages sont identifiés comme sensibles.
Pour renforcer leur protection, 1,68 M€ seront mobilisés sur les aires d’alimentation de captages de La Morinais, La Charterie, Bas Aunay/Ourserie, Montmorel, Reffuveille, Les Monts, Avranches Nord, Sartilly Sud, Monneraie, Peignerie et Lamballe. Les actions prévoient un suivi renforcé des eaux brutes, des diagnostics de pressions, un accompagnement des pratiques agricoles, ainsi que la mise en œuvre de mesures agro-environnementales et climatiques (MAEC) et de paiements pour services environnementaux (PSE).
Une stratégie foncière permettra de pérenniser les actions. Pour les captages alimentés par des prises d’eau superficielles, des travaux de sécurisation concerneront la Cance, la Lande, le Bateau et la Braize, avec un aménagement du bief associé pour garantir la fiabilité du prélèvement.
BAIE DU MONT SAINT-MICHEL : 7,02 M€ POUR REDUIRE LES POLLUTIONS MICROBIOLOGIQUES
Limiter les rejets, moderniser les réseaux et cibler les installations à risque
Les épisodes pluvieux mettent sous tension les réseaux d’assainissement, entraînant des rejets polluants dans les rivières qui rejoignent la baie du Mont Saint-Michel. Cette sensibilité microbiologique affecte directement les eaux de baignade et les zones conchylicoles, essentielles pour l’économie littorale.
Pour réduire ces pressions, 7,02 M€ seront consacrés à la modernisation des réseaux et à la réduction des pollutions domestiques. Le Val-Saint-Père et Ducey-les-Chéris mèneront des travaux majeurs de réhabilitation de leurs réseaux de collecte afin de réduire les entrées d’eaux parasites et les débordements. En complément, 360 installations d’assainissement non collectif seront remises en conformité, prolongeant les 515 installations déjà régularisées lors du précédent contrat.
Dans les secteurs agricoles les plus sensibles, des mises en défens du lit et des berges seront réalisées (notamment au Moulinet et dans le bassin de la Guintre) afin de limiter les apports directs de pollution microbiologique dans les rivières.
ZONES HUMIDES ET CONTINUITES ECOLOGIQUES : 1,65 M€ POUR RECONNECTER LES MILIEUX
Réhabiliter les ouvrages, restaurer les zones d’expansion de crues et protéger les mares
La réduction du bocage et l’artificialisation des cours d’eau affaiblissent la capacité du territoire à stocker l’eau, à amortir les crues et à maintenir des débits suffisants en été. La fragmentation des milieux aquatiques compromet par ailleurs la préservation de leur biodiversité.
Pour restaurer ces fonctions essentielles, 1,65 M€ seront investis dans un programme de réhabilitation des ouvrages et de restauration des zones humides. Les interventions concerneront le Moulinet, l’Oir, la Douenne, l’Airon, la Guintre, la Braize, le Moulin du Bois, le Pont-Levesque, le Moulin de Pontorsier, la rivière de Saint-Jean, les ruisseaux de la Roche et de la Renaudaie, l’ancien lit de la Sée et plusieurs dérivations historiques. Une stratégie foncière permettra de protéger durablement les zones humides et les zones d’expansion de crues. Le recensement des mares permettra de cibler des actions de restauration.
De nouvelles études hydrauliques permettront de développer des solutions fondées sur la nature, adaptées au changement climatique.
« Avec ce contrat, nous engageons un programme exigeant, doté d’objectifs très concrets : restaurer les cours d’eau, reconstituer le bocage, protéger la ressource en eau potable et réduire les pollutions qui affectent la baie. C’est une mobilisation collective d’ampleur, et l’agence de l’eau accompagnera chaque action avec rigueur et détermination pour obtenir des résultats visibles et durables pour le territoire et ses habitants. » a indiqué Sandrine Rocard, directrice générale de l’agence de l’eau Seine-Normandie.
L’animation du contrat s’appuie sur une douzaine de spécialistes du territoire, mobilisés pour accompagner la mise en œuvre des actions. Techniciens de rivière, techniciens bocage, animateurs pour les aires d’alimentation de captage et chargé de mission constituent une équipe dédiée au suivi des projets, au conseil aux maîtres d’ouvrage et à la coordination technique du programme.
Le contrat prévoit également un atelier participatif réunissant les acteurs locaux autour des enjeux de l’eau, ainsi que des actions de communication et de formation destinées à renforcer la compréhension, la coopération et les compétences sur le territoire.
A propos des actions de la GEMAPI et de l'assainissement de la communauté d’agglomération Mont Saint-Michel – Normandie
La communauté d’agglomération Mont Saint-Michel – Normandie mène, depuis 2018, différentes actions visant la préservation et la reconquête du bon état écologique des milieux aquatiques grâce à des programmes d’actions à l’échelle des bassins versants, définis en fonction des enjeux et des objectifs fixés dans la directive cadre sur l’eau, le SDAGE et le SAGE.
En GEstion des Milieux Aquatiques et de la Prévention des Inondations, les travaux sont réalisés sur la base du volontariat, en concertation avec les différents acteurs locaux et partenaires dans le respect des règlementations en vigueur. Ces travaux (travail sur la morphologie des cours d’eau, de plantations bocagères) font l’objet d’une convention entre l’exploitant agricole concerné (et ou le propriétaire) et la communauté d’agglomération. Ils bénéficient de subventions de l’agence de l’eau Seine-Normandie, de la Région Normandie et de l’Europe à hauteur de 80 %.
En ce qui concerne l’assainissement, les travaux d’amélioration des systèmes d’assainissement collectif sont mis en œuvre sous maîtrise d’ouvrage de la CAMSMN. La mise aux normes des installations d’assainissement non collectif dépend de propriétaires privés qui conventionnent une aide à partir du contrat de territoire. Sur le précédent contrat (2021-2024), 515 bénéficiaires éligibles avaient remis aux normes leur système d’assainissement non collectif grâces à l’aide de l’AESN et de la CAMSMN.

